DANS LES PAS DE …..
Une série de 6 portraits sonores à emporter, pour explorer Marseille de l’intérieur.
Une série de 6 portraits sonores à emporter, pour explorer Marseille de l’intérieur.
Une création de la Fabulerie, tiers-lieu culturel et fabrique numérique à Marseille et en Cévennes , avec la participation d’Hadrien Bels (écriture), Théo Radakovitch(design sonore) et Sarah Williamson (Illustration).
Un projet en partenariat avec Radio Grenouille et ZeCom et rendu possible grâce aux soutiens du Ministère de la Culture, de la région Sud (SudLabs).
35 ans — Alice
Alice est arrivée à Marseille pour la lumière. Et quand elle dit ça, personne ne la croit. C’est une vraie Parisienne et elle assume à fond. Au contraire, elle dit que ça crée des trucs, des situations. Pour elle, ce qui est fabuleux dans cette ville, c’est que rien n’est fini. Marseille est une accumulation de styles, de détails qui ne sont pas faits pour aller ensemble mais finissent par former un tout. Bien sûr, ce n’est pas la plus belle des villes, quoique la beauté soit discutable. Mais ici, tout est possible, y compris de vivre ensemble.
65 ans — Fadela
Fadela est arrivée à Marseille en 1988. Elle avait 25 ans et elle te laisse deviner son âge. Elle a passé sa vie dans le monde de la nuit. Avant, elle avait un cabaret, rue du Musée, à la bonne époque, celle du raï, de la nuit à fumer des cigarettes et à servir des Heineken. Elle en a vu passer, des générations. Mais pour elle, finalement, rien n’a changé. Ici Fadela connaît tout le monde. Elle dit aussi que Noailles et Belsunce, c’est les odeurs de pain frais, de poulet grillé, de viande fraîche, de persil, d’agrumes et de shit… Pour Fadela, Marseille c’est la vie.
27 ans — Jérémy
Jérémy aime trop sortir. On se reposera quand on sera vieux, il dit souvent. Presque tous les week-ends il est au New Cancan, la mythique boîte LGBT de Marseille. Mais sinon attention, il travaille aussi. Il a monté son agence immobilière et ça marche plutôt bien. Marseille, c’est une ville qui bouge et c’est pas Jérémy qui va s’en plaindre. Jérem connaît très très bien Marseille et il est fier de dire : « Moi je suis un vrai Marseillais. » Faut dire qu’aujourd’hui, surtout dans son milieu, c’est de plus en plus rare. Sa famille est de Saint-Julien, là où y’a beaucoup d’Arméniens. Mais surtout, son arrière-grand-père était cordonnier dans le Panier. Ça pose non ?
38 ans — Klaas
Klaas a grandi dans les montagnes ariégeoises, dans une famille de hippies. Et aujourd’hui, quand il dit qu’il est policier, ça fait bizarre aux gens. Disons que ça lance des débats parfois houleux. Mais il est habitué. Sinon, ça fait 10 ans qu’il est à Marseille. Et il aime bien le bordel de cette ville. C’est paradoxal, pour un agent de l’ordre. Son délire à Klaas, c’est d’enlever son uniforme et de marcher dans la ville, de lâcher prise et de s’amuser de tous les dysfonctionnements de cette ville. De toute manière, on ne peut pas tout contrôler.
17 ans — Lola
Pour Lola, Marseille c’est cool, mais ça va, faut se calmer, c’est quand même pas le centre du monde. Lola a grandi derrière le parc Longchamp, dans le quartier des Chutes Lavie. Normalement, elle devait aller au lycée Saint-Charles mais elle a été orientée à Thiers grâce à son dossier scolaire. Lola veut faire khâgnes-hypokhâgnes pour devenir écrivaine ou dramaturge ou même réalisatrice. Plutôt cinéma en vrai. Souvent elle se dit qu’elle sera la nouvelle Guédiguian, mais en mieux. Elle fera sûrement la Femis et elle ira vivre à Paris. Parce que Marseille, en vrai, c’est petit comme ville.
9 ans — Sunday
Pour Sunday, Marseille c’est trop calme et ils sont nuls au foot. Lui, il est de Lagos. C’est là-bas qu’il a tous ses potes, dans le quartier de Yaba Market. Sunday a 9 ans, des petites locks sur la tête et sa maman l’habille en fringues de marque : il a un pur style. À la maison, on parle anglais mais maintenant qu’il lit en français il plonge dans tous les livres qu’il trouve. Avec sa mère et son petit frère Blessing, il n’habite pas loin de la grande église de la Canebière. Le dimanche matin, Sunday fait le malade. Mais sa mère, elle dit toujours : « Dieu va te soigner. » Tu peux pas tromper la mère de Sunday le jour de la messe.